Ses trois soeurs là sont délicieuses. Christina, la plus jeune, sert des gins-tonic. Gavée aux petits cachets qui font décoller, elle tente d’oublier celui qui lui a donné l’orgasme du siècle. La seconde, Ana, fait des cocktails d’antidépresseurs pour oublier sa vie au foyer. Rosa, la troisième, blonde et chic, se demande pourquoi courir après l’argent. Tout cela pourrait ne donner qu’une version papier de Sex in the City, mais c’est bien plus que ça. Là où le journal de Bridget Jones ne livrait qu’une somme de commentaires narcissiques dans une Angleterre policée, Amour, Prozac et autres curiosités nous fait valdinguer au coeur de l’Espagne furieuse. L’écriture insolente et libre de Lucia Etxebarria dissèque des secrets intimes et jette un regard sur les arrières-cours des nuits madrilènes. Quand l’ecsta monte, c’est à hurler de rire, à vous faire glousser dans le métro aux heures de pointes. Quand l’effet descend, c’est une autre affaire, car la génération des 30 ans se voit dans un miroir dont les contours ne sont pas bien brillants. Construit avec suffisamment de technique, ce premier roman prouve que la jeune femme n’est pas seulement une journaliste éblouissante de drôlerie. Chaque chapitre nous présente le regard d’une des trois soeurs. Comme dans un ballet classique parfait, la technique pure de l’écrivain est là et se fait oublier pour que tout s’enchaîne : les banderilles, les scènes jouissives, les rêves évaporées de petite fille, tout est vraisemblable et... excitant.
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